Les grands noms du jeu PC : Peter Molyneux

N� en 1959 au c�ur de l�Angleterre, Peter Molyneux est de ceux qui ont grandi dans le monde des loisirs. Ses parents, propri�taires d�un magasin de jeux, furent les premiers � lui mettre en main diverses figurines et jetons. Un ensemble de pi�ces qu�il d�robait ci et l� dans l�arri�re boutique, le temps d�une partie improvis�e, le temps d�une composition issue de son imagination, celle de mondes dont il serait l�organisateur, le Cr�ateur. Le temps d�un moment de r�ve. Puis vint comme pour chacun la p�riode des �tudes, des examens et des dipl�mes. Peter oublie quelque peu les divertissements, il pr�f�re penser utile et concret. A la sortie de l�universit�, licence d�informatique en poche, il fonde son entreprise cr�atrice de logiciels de gestion. On aurait pu penser que son rapport avec les jeux serait d�finitivement enterr�, oubli�.

Et pourtant. Sans le vouloir au d�but, Peter Molyneux se rapproche de l�univers d�Amiga, puis s�initie au portage. En 1987, sa passion reprend le dessus : c�est d�cid�, il m�lera son talent de programmeur informatique � sa vision du monde des jeux. Une v�ritable symbiose. BullFrog venait de voir le jour. Son ami et partenaire, Les Edgar, le suit et l�aidera � monter le premier projet du studio. Il s�agira de Populous.

Nous sommes en 1989. Apr�s deux ann�es de travail, un nouveau genre � part enti�re vient de na�tre, et fera d�s le d�but plus de trois millions d�adeptes. Ce genre, c'est le God�s Game, ou la gestion par le joueur d�une divinit�, permettant de construire un monde tel que vous l�auriez voulu. Les habitants �voluent � leur rythme en compl�te autonomie. Vous vous chargez de tisser leur environnement, les reliefs, les mers et oc�ans, les esp�ces apparaissant. Vous donnez la vie, le petit d�clic, et assistez � la suite. Selon votre humeur, vous d�clencherez miracles et catastrophes, vous vous ferez adorer tout en vous faisant respecter. A la limite de la m�galomanie, sans y rentrer. Le voil� lanc� et assur� par son premier jeu. Les autres suivront bien vite. PowerMonger en 1991, suivi de Syndicate deux ans plus tard. M�me si le premier � un jeu de gestion et de strat�gie � passera quelque peu inaper�u, le second sera tr�s appr�ci�. En t�moignent les retours r�ellement positifs des joueurs, tant s�duits par l�action que par l�univers futuriste. L� encore, la strat�gie est bien s�r de mise.

Dans la seconde moiti� des ann�es 1990, Molyneux se plonge dans un vrai approfondissement des jeux de gestion. Des jeux qui influeront sur tout un genre. Theme Park verra le jour en 1994, consistant � construire son propre parc d�attractions. Trois millions et demi d�exemplaires du titre seront vendus. La m�me ann�e sort Magic Carpet, premier jeu de shoot du cr�ateur. Il sera malheureusement �clips� par Doom, qui b�n�ficie � l��poque de plus grandes innovation et d'une visibilit� sup�rieure.

Pour Peter Molyneux, la tension monte d�un cran au sein de BullFrog . L��diteur Electronic Arts accentue sa position d�actionnaire jusqu�� devenir majoritaire et racheter la soci�t�. Il impose en contrepartie des d�lais et un cahier des charges parfois contraignants. Notre homme � l�esprit cr�atif le supporte d�autant moins. Il participera ainsi avec bien peu de passion et un approfondissement tr�s mesur� au d�veloppement de Dungeon Keeper. La sortie de ce jeu au milieu de l�ann�e 1997 sera f�licit�e. Mais, � la m�me p�riode, tombe l�annonce du d�part volontaire de Peter Molyneux.

Une nouvelle aventure commence � l�aube de l�an 2000. Ayant retrouv� l�ind�pendance avec la cr�ation du studio Lionhead, Molyneux se replonge dans son imaginaire. En 2001, le genre des God�s Games compte un nouveau n� : Black & White. Le joueur y dirige un dieu incarn� sous la forme d�un h�ros titanesque. Evoluant sur six �les diff�rentes, il cherche � obtenir le respect des habitants, par la reconnaissance ou la crainte.

Les jeux de Peter Molyneux ont non seulement un aspect sc�naristique novateur mais conqui�rent aussi leur public par des graphismes richement con�us. Cela est d�autant plus vrai � partir de Black & White. Le second opus, en 2005, puis son add-on Le combat des dieux, pousseront toujours plus haut ce titre. Peter Molyneux s�essaye aussi au RPG m�di�val-fantastique en 2005, avec Fable : The Lost Chapters. Les critiques sont conquis.

Derni�re s�rie en date, celle de The Movies. La version originale date de 2005, et une extension, Stunts & Effects, a vu le jour en avril 2006. The movies est un jeu o� vous dirigez un studio de cin�ma. Des ann�es 1920 jusqu�� la cons�cration � la fin du Xx�me si�cle, vous cr�ez les productions de votre choix. Pour cela, vous coordonnez les acteurs et tournez des sc�nes, que vous pouvez d�ailleurs sauvegarder puis remonter. Une v�ritable simulation qui m�le la gestion � la cr�ation. L� encore, un jeu de libert�, dont la fin de la trame se fixe au XX�me si�cle, mais o� vous pouvez poursuivre votre partie jusqu�� �tre lass�, plusieurs si�cles apr�s.

Actuellement, Peter Molyneux a plusieurs projets en cours. Le premier s'intitule Dimitri, et peu d�informations ont pour l�instant filtr�es � son sujet. Quant au second, c'est tout aussi vague, puisqu'on sait simplement qu'il s�agira d�un FPS.

Notons pour finir que la plupart des anciens jeux de Sir Peter sont disponibles en abandonware : une fa�on de les d�couvrir gratuitement et de vous rendre compte par vous-m�me de la patte de cet artiste.

- 1989 : Populous

- 1991 : Powermonger

- 1993 : Syndicate

- 1994 : Theme Park

- 1994 : Magic Carpet

- 1997 : Dungeon Keeper

- 2001 : Black & White

- 2005 : Fable : The Lost Chapters

- 2005 : The Movies

- 2005 : Black & White 2

S�il fallait r�sumer en quelques mots Peter Molyneux, on l�annoncerait � la fois comme quelqu�un d�original voire parfois de r�volutionnaire, d�ind�pendant, et enfin de profond�ment humain.

Cet homme n�a eu de cesse, depuis ses d�buts dans le jeu vid�o, de rechercher encore et toujours de nouveaux concepts. Il a surtout cherch� � surprendre les joueurs par l�apparition d�un nouveau genre, celui des God�s Games. C�est dans ces jeux, par une volont� de donner la plus grande des libert�s au joueur � sans le contraindre � des actions d�finies, sans imposer un d�roulement �crit, une fin pr�par�e et in�vitable � qu�a eu lieu la petite r�volution. Ce sont ces id�aux que l'on retrouve dans The Movies, en un autre temps et dans une autre trame : l� encore, chaque participant peut construire son propre parcours et s�impliquer dans le jeu � sa mani�re. Finalement, c�est le jeu qui s�adapte au joueur, et non l�inverse.


Peter Molyneux est une source d�id�es neuves, bien souvent domin�es par une profonde r�flexion. Une bonne partie de ses cr�ations impliquent d�ailleurs un exercice intellectuel de la part des joueurs. Ils mettent en avant des questionnements sur les rapports sociaux, tel que celui du ma�tre et de l�esclave, ou du cr�ateur et de la cr�ature. La libert� qu�a le joueur de faire le mal ou le bien lui permet de les cerner de mieux prendre conscience de ces deux choses. Cela de fa�on � ce que, � l�arriv�e, il fixe ses propres bornes.

Peter Molyneux n��chappe certes pas � la logique commercialle. Cette derni�re reste le moteur de bien des productions, mais il n�a jamais tol�r� pour autant d��tre guid� par des contraintes de temps et d�argent impos�es par les �diteurs. Son ind�pendance lui est ch�re. Les deux studios qu�il cr�a en sont la preuve vivante, plus particuli�rement Lionhead , qui n�avait d�autre but que d��chapper � la main mise d� Electronic Arts. Une fa�on de conduire des jeux plus personnels et r�pondant plus aux crit�res d�innovation qu�� ceux de productivit�.

Son d�calage et sa prise de risque ont parfois eu du mal � s�duire les �diteurs, mais pas le public. Ce sont les joueurs, ceux de Populous ou de Black And White, qui ont montr� � quel point Molyneux avait tap� juste. Cet engouement pour ses cr�ations, et les millions d�exemplaires qui en d�coul�rent, ont plac� son nom parmi les grands du jeu vid�o, et ce pour longtemps.