Test Vampire : The Masquerade - Bloodlines (PC) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Premi�re collaboration entre Activision et White Wolf, �diteur du jeu de r�le �ponyme, Vampire : La Mascarade - R�demption f�t l'une des bonnes surprises de l'ann�e 2000. Quoiqu'un peu trop port� sur l'action pour satisfaire pleinement les puristes, il offrait un d�fi int�ressant et plus que suffisant pour en faire un succ�s commercial. Les deux partenaires n'en attendaient pas moins pour mettre en chantier une suite pour laquelle ils se sont adjoint les services d'une nouvelle �quipe de d�veloppement, Nihilistic Software �tant trop occup� sur StarCraft Ghost.

N'importe quel habitu� de jeux de r�le assist�s par ordinateur, moi le premier, vous dira que le joueur n'y a certainement pas perdu au change. Tro�ka Games n'en est effectivement pas � son coup d'essai en la mati�re puisque Arcanum : Engrenages Et Sortil�ges �tait d�j� de leur fait et que certains membres influents de l'�quipe �taient aux commandes de deux des plus grands jeux de r�le jamais d�velopp�s sur PC : Fallout et Fallout 2... Vous avouerez qu'avec un tel pedigree, l'affaire �tait franchement bien engag�e, non ?




Vampire Bloodlines est donc une nouvelle adaptation de l'univers si particulier mis au point par White Wolf. Il faut en effet savoir que La Mascarade est un cas presque unique dans le monde du jeu de r�le papier. Misant principalement sur son atmosph�re et l'ambiance de ses parties, il en profite pour tordre le cou � de nombreux clich�s vampiriques. Il n'y est pas question de monstres traqu�s par les humains, pas plus que l'on y trouve de gousses d'ail ou de crucifix. Ceux que l'on nomme vampires sont rassembl�s en diff�rents clans m�l�s � la soci�t� des hommes depuis des si�cles sans que ces derniers s'en soient vraiment rendu compte. La Camarilla, le Sabbat ou les Anarchs font partie de ces clans qui malgr� leurs luttes intestines (le Jihad Vampirique) doivent faire cause commune pour maintenir le secret sur leur existence. La Mascarade est en quelque sorte l'expression de ce secret : une esp�ce de code de bonne conduite vampirique qui tend � interdire toute manifestation publique susceptible de semer le trouble dans l'esprit des mortels. Sans entrer davantage dans les d�tails (certains clans ne respectent pas la Mascarade), c'est ainsi que fonctionne l'univers de Vampire et c'est en substance le travail d'adaptation auquel devait s'atteler Tro�ka pour esp�rer nous convaincre.

Ventrue, Nosf�ratu ou Anarch : quelques uns des clans de vampires que vous serez amener � croiser tout au long de votre aventure
Il en va de m�me dans pratiquement tous les jeux de r�le, c'est par la cr�ation de votre personnage que d�bute Bloodlines. Vous avez le choix entre diff�rentes races (Tor�ador, Nosf�ratu, Tremere, Brujah...) qui fonctionnent comme autant de classes dans les autres jeux du m�me type. Le choix d'une race conditionne directement votre fa�on de jouer future et il est vivement conseill� de ne pas prendre ce choix � la l�g�re. C'est ainsi que les Nosf�ratus auront un fort penchant pour tout ce qui touche � la discr�tion, compl�tement � l'oppos� des Tor�adors, les plus proches de la soci�t� humaine. Chaque race dispose en outre de pouvoirs qui lui sont propres et qui, bien s�r, lui seront d'un grand secours tout au long de l'aventure. Les Tremeres font ainsi figure de magicien / clerc avec leurs pouvoirs de thaumaturgie et leur science de domination mentale alors que les Tor�adors sont plut�t adeptes de la s�duction et que les Brujah constituent la caste des � grosbills �, le genre qui frappe d'abord et pose les questions ensuite. Cette �tape de cr�ation se voit compl�t�e par le choix du nom et du sexe de votre personnage ainsi que par la distribution de quelques points bonus afin d'y mettre votre grain de sel.




Votre avatar mis au point, le jeu peut s'ouvrir sur la naissance de votre novice... Ou plut�t la transformation en vampire de ce qui constituait il y a quelques heures encore un vaillant repr�sentant de l'esp�ce humaine. Votre � p�re � (le vampire qui vous a chang� � jamais) s'est permis un �cart de trop et La Camarilla a d�cid� de le condamner � la peine capitale ou la Mort Ultime en langage vampirique. Vous ne devez pour votre part le salut qu'� l'intervention de Nines Rodrigues et au bon vouloir de LaCroix, Prince des vampires de Los Angeles. Ce dernier ne tarde cependant pas � vous faire payer sa cl�mence en vous exp�diant imm�diatement � Santa Monica afin d'accomplir ses basses oeuvres. Il vous a r�serv� une chambre dans cette partie de la ville et a pr�venu un de ses contacts locaux, un certain Mercurio, afin que celui-ci vous aide dans votre premi�re mission : l'explosion d'un entrep�t du Sabbat. Evidemment, tout ne se passe pas comme pr�vu et au lieu de r�cup�rer l'explosif indispensable � l'accomplissement de la mission, Mercurio s'est fait tabasser et voler l'argent ! Votre premi�re t�che d'immortel sera donc de r�cup�rer argent et explosif afin que l'op�ration reprenne son cours normal.

Cette premi�re t�che n'est �videmment que le d�but d'une multitude de missions donn�es par le Prince lui-m�me ou bien par diff�rents personnages de rencontre suivant le principe des qu�tes principales et secondaires, classique dans le monde du jeu de r�le. En fin de compte, les objectifs restent cependant assez simples : il est ici question d'�liminer un individu g�nant, alors que l� il vous est demand� de r�cup�rer un objet et c'est davantage dans la forme que ces qu�tes diff�rent. M�me si le joueur dispose d'une certaine libert� d'action, la qu�te du mus�e ou du bateau font partie des moments de pure infiltration alors que celle de l'Ocean Hotel mise tout sur l'ambiance surnaturelle particuli�rement bien rendue qu'elle d�gage. On peut enfin noter deux derniers types de missions, celles, plus basiques, lorgnant all�grement du c�t� du doom-like bien violent et les autres, plus pos�es, faisant la part belle aux dialogues et � leurs diff�rentes fins possibles. Chaque type de mission requiert des comp�tences diff�rentes pour s'en sortir et c'est ainsi que lors des multiples s�quences infiltration, le joueur doit souvent faire �talage de ses talents de crocheteurs ou de pirate informatique.

Quoique finalement assez moyen graphiquement, Bloodlines propose tout de m�me quelques d�cors et effets r�ussis
Contrairement � un titre comme Splinter Cell, les comp�tences en question sont ici utilis�es automatiquement et, jeu de r�le oblige, c'est le rapport entre la complexit� de la t�che et votre habilet� qui d�terminera la r�ussite de l'entreprise. Cela ne nuit pas du tout au d�roulement de la partie et permet ainsi au joueur de se concentrer sur d'autres choses, par exemple sur les messages stupides qui peuplent les comptes de courrier �lectronique des ordinateurs pirat�s ! Du c�t� des combats, les choses sont moins roses puisque ces derniers manquent quand m�me singuli�rement de profondeur. Il existe bien quelques pouvoirs sp�ciaux (sorte de pouvoirs magiques) pour pimenter les situations, mais en dehors de �a c'est surtout le manque de pr�cision qui se distingue. Avec une arme blanche, cela se r�sume trop souvent � appuyer le plus vite possible sur le bouton de la souris pour encha�ner les coups en prenant soin de changer de direction au clavier pour varier les attaques. Le pire est cependant atteint avec les combats au pistolet / uzi / fusil � pompe. Ici, le manque de pr�cision est criant et l'assaut se transformera souvent en partie de cache-cache pour �viter de se faire tailler en pi�ces. C'est d'autant plus dommage que les d�veloppeurs ont int�gr� une vue � la premi�re personne toute indiqu�e pour ce type de massacres.




Nous l'avions signal� en introduction, Vampire Bloodlines n'est heureusement pas ax� sur l'action comme pouvait l'�tre Vampire La R�demption. De ce fait, les lacunes du syst�me de combat sont beaucoup moins g�nantes et le joueur pas trop exigeant dans ce domaine devrait pouvoir s'en contenter sans difficult�. Tro�ka s'est effectivement attach� au rendu de l'ambiance du jeu de r�le sur papier et, pour y parvenir, les d�veloppeurs ont plus particuli�rement mis l'accent sur les dialogues. Ceux-ci se d�roulent de mani�re relativement classique avec plusieurs choix de r�ponses possibles en fonction de la question. Ces r�ponses influent directement sur l'attitude de votre interlocuteur qui devient alors plus agressif ou, au contraire, peut soudain prendre peur. Les aptitudes de votre h�ros ont ici un r�le particulier � jouer puisqu'il sera par exemple possible de s�duire, d'intimider ou de persuader les autres personnages pour obtenir certaines faveurs. L'issue d'un dialogue s'en trouvera souvent chang�e, mais les puristes regretteront tout de m�me que le jeu reste relativement lin�aire avec un fil conducteur duquel on ne peut jamais se d�tacher m�me en insultant copieusement son commanditaire. En l'�tat, les dialogues ont d�j� une influence non n�gligeable et permettent vraiment au joueur de rentrer dans la partie.

Il faut alors voir les comportements compl�tement diff�rents de Gary le Nosf�ratu, de Velvet la strip-teaseuse, de Beckett l'�rudit ou bien plus simplement de tous les autres personnages de l'histoire : du plus insignifiant jusqu'au Prince LaCroix lui-m�me, ils ont tous une personnalit� bien � eux. Faire ami ami avec un personnage important pourra vous ouvrir des portes et faciliter votre existence au sein de La Mascarade. Il faut en effet savoir qu'� c�t� de la r�solution pure et simple des qu�tes, le joueur doit faire progresser son personnage (principe de points d'exp�rience � l'accomplissement des objectifs) tout en surveillant deux indicateurs. Les points de Mascarade d�finissent votre discr�tion : moins vous en avez et plus vous repr�sentez une menace pour toute la soci�t� vampire. Si la menace devient trop grande, cette soci�t� n'h�sitera d'ailleurs pas � vous le faire comprendre de mani�re tr�s exp�ditive. Le second indicateur est plus personnel et concerne l'humanit� de votre h�ros. Au fur et � mesure de vos actions, vous pouvez gagner ou perdre des points d'humanit� : �pargner la vie d'un malheureux est positif alors que vider de son sang un �tre humain l'est beaucoup moins ! Lorsque votre personnage n'a plus de point d'humanit�, c'est son c�t� bestial qui prend le contr�le de ses actions avec tout ce que cela implique en termes de diplomatie !

La qualit� des dialogues et de l'aspect psychologique du jeu permet de compenser les bugs et la faible surface de jeu
La dualit� du vampire, l'ambiance et les dialogues sont autant d'�l�ments qui rendent le jeu particuli�rement attachant et poussent le joueur � toujours aller de l'avant. Comme rarement dans un jeu vid�o, on a d'ailleurs vraiment l'impression d'agir sur le destin de son h�ros. Tro�ka parle de plusieurs fins possibles, mais sans aller jusque-l�, c'est tout au long de l'histoire que l'on voit le r�sultat de ses actions en particulier du fait des qu�tes secondaires. En choisissant certaines plut�t que d'autres, le joueur se rend tr�s vite compte qu'il va favoriser son all�geance � tel ou tel clan, voire m�me la prise de pouvoir de la B�te sur l'Homme qui est en son vampire. Sans �tre du niveau d'un v�ritable jeu de r�le, c'est tout de m�me bien agr�able de retrouver de telles sensations sur ordinateur ! Mais, car il y a �videmment un mais, ces points particuli�rement positifs s'accompagnent de d�fauts parfois tr�s g�nants. Bas� sur le moteur Source d'Half-Life 2, Bloodlines surprend tout d'abord par son aspect graphique : pas particuli�rement beau, il est parfois moche et toujours tr�s d�pouill�. Pire, il s'av�re consid�rablement plus lourd que le titre de Valve. Quelle que soit votre machine, vous aurez ainsi droit � des ralentissements tr�s importants au d�but de chaque nouvelle zone.

Alors qu'Half-Life 2 usait et abusait presque de son moteur physique, celui-ci s'av�re plus discret, voire inutile, dans Bloodlines. Plus g�nant dans un jeu de r�le surtout lorsque celui-ci est cens� d�peindre une soci�t�, la taille du monde est franchement r�duite. Los Angeles se limite ainsi � quatre petits quartiers (Santa Monica, Downtown, Hollywood et Chinatown), le plus grand ne d�passant pas les quatre ou cinq rues ! Evidemment, cela permet de se retrouver plus rapidement, de ne pas passer son temps � faire des allers-retours interminables et participe donc � l'ambiance du jeu, mais niveau r�alisme on a vu mieux ! Niveau r�alisme �galement, on ne peut s'emp�cher de trouver que tout ce petit monde manque de vie. Les passants font les cent pas et en dehors de quelques petites bagarres, il ne se passe strictement rien sans le joueur ! Enfin et c'est sans doute le plus g�nant � long terme, Vampires Bloodlines s'av�re particuli�rement bugg�. Cela va du bug de traduction qui ne permet pas d'obtenir un code indispensable, au plantage pur et simple en passant par le blocage du personnage dans un mur ou dans une porte. Au d�tour d'une ruelle, on aura �galement l'occasion de voir un policier � deux m�tres sur sol, ou alors ce sont les placards qui ne voudront pas rester ouverts pour nous permettre de prendre leur contenu (il faut alors recharger pour que tout rentre dans l'ordre).




Compte tenu des espoirs plac�s en lui par de nombreux joueurs, Vampire Bloodlines est une d�ception, au moins partielle. Du point de vue technique tout d'abord et alors qu'il utilise le Source Engine d'Half-Life 2, Bloodlines ne semble pas tout � fait au niveau des productions actuelles. Pas vraiment beau en dehors de quelques d�cors et du visage des diff�rents protagonistes, il s'av�re particuli�rement mal optimis� : s'il est jouable sur un XP2000+ / 512 Mo �quip� d'une Radeon 9600, il reste saccad� sur une machine de guerre. Alors que le titre de Valve parvenait � masquer la taille relativement r�duite de certains niveaux, tout est ici beaucoup plus perceptible. La ville de Los Angeles ne fait pas du tout illusion et tout au long de la partie on a l'impression de se balader dans quatre petits villages distincts plut�t que dans la deuxi�me conurbation des Etats-Unis. Pour compl�ter le tableau et alors qu�il s�habitue petit � petit � ces d�fauts, de nombreux bugs viennent exasp�rer le joueur.

Exasp�rer est le mot juste, car abstraction faite de tous ces d�fauts, Vampire Bloodlines dispose d'un potentiel tout � fait �vident. L'ambiance est tr�s bien rendue, le syst�me de dialogue d'une grande richesse alors que l'opposition entre les diff�rents clans et l'aspect soci�t� secr�te de La Mascarade apportent une dimension unique dans le monde du jeu vid�o. Tout au long de l'aventure, on a d'ailleurs beaucoup plus l'impression d'incarner son personnage que dans tout autre jeu de r�le sur ordinateur : les diff�rentes races de vampires disponibles et les missions propos�es sont autant d'�l�ments allant dans ce sens. Au final, Vampire Bloodlines s'av�re beaucoup plus prenant et int�ressant que ne peuvent le laisser penser les nombreux d�fauts, mais il m�ritait assur�ment un peu plus de s�rieux de la part de Tro�ka, son d�veloppeur, ou d'Activision, son �diteur, et � d�faut d'une extension gratuite pour enrichir ce monde qui le m�rite, esp�rons qu'une mise � jour vienne rapidement � bout des nombreux bugs pour que l'on puisse pleinement profiter d'une aventure d�j� passionnante !


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