Test Total War : Shogun 2 (PC, Mac) : 9/10 sur JeuxVideo.fr

Apr�s le Moyen-Age, la Rome antique ou bien encore les Guerres napol�oniennes, les Anglais de The Creative Assembly reviennent � leurs premi�res amours pour c�l�brer les dix ans de la franchise Total War : le Japon des Shogun... Un retour en forme d'aboutissement pour le studio qui signe ici son titre tout � la fois le plus ambitieux, le plus complet, en un mot le plus int�ressant. En effet, et m�me si nous allons maintenant entrer dans les d�tails, il est inutile de tergiverser, Shogun 2 est un titre rare, une v�ritable p�pite, tout simplement !

Sans surprise, The Creative Assembly reprend ici le concept qui a fait sa renomm�e depuis maintenant plus de dix ans. Il s'agit toujours de m�ler gestion / strat�gie � grande �chelle et affrontements en temps r�el sur le champ de bataille pour devenir Calife � la place du Calife ou, dans le cas pr�sent, Shogun � la place du Shogun. Ce nouveau Total War nous invite effectivement � revivre le trouble XVIe si�cle japonais qui voit s'affronter divers seigneurs de guerre alors que le Christianisme d�barque sur l'archipel nippon... Dans la peau d'un de ces daimyo ou plut�t aux commandes de sa noble famille, il nous faut donc parvenir � monter en puissance afin d'�tre en mesure - un jour - de d�fier le puissant Shogun bas� � Kyoto pour ensuite r�gner sur l'ensemble du Japon.

� c�t� des habituelles batailles historiques et autres escarmouches, cet objectif s'impose de lui-m�me comme le gros morceau du jeu, celui que les d�veloppeurs ont pris l'habitude d'appeler Grand Campaign. De mani�re on ne peut plus classique, la campagne d�bute par la s�lection d'une faction (ici l'un des clans en pr�sence en 1545) et d'un niveau de difficult�. Il est important de noter que le choix du clan influe d�j� nettement sur la complexit� du jeu puisque certaines positions de d�part sont bien plus avantageuses que d'autres. Dans cette optique, le niveau de difficult� s'apparente en fait au niveau de l'intelligence artificielle et on regrette d�j� que l'on ne puisse pas choisir ind�pendamment un niveau pour la gestion g�n�rale du clan et un niveau pour l'intelligence de bataille...


Une fois la partie lanc�e, les habitu�s de la s�rie se retrouvent en terrain connu... Il faut dire que le concept �tant rigoureusement identique, on voyait mal The Creative Assembly revoir la pr�sentation m�me du jeu. De fait, la prise en main est proche de celle des pr�c�dents opus et il faut en premier lieu se pr�occuper de la gestion de son lopin de terre avant de taquiner les seigneurs voisins. Une gestion qui doit permettre d'aboutir au juste �quilibre entre d�veloppement des villes, maintien de finances saines et contentement de la population. Les actions sont simples (des b�timents, des structures) et le studio s'est arrang� pour que le joueur y trouve son compte sans �tre noy� par les options disponibles... Le but �tant d'obtenir un empire suffisamment puissant pour soutenir l'effort de guerre.

Un effort de guerre qui ne passe toutefois pas syst�matiquement par le chemin des armes et nous touchons ici aux premi�res nouveaut�s qu'il nous semble important de mentionner : les agents. Il s'agit d'unit�s tr�s sp�ciales beaucoup plus importantes que dans les pr�c�dents Total War dont le but est de faire des coups en douce. Ainsi, le metsuke doit corrompre les g�n�raux au service des seigneurs adverses pour les faire changer de bord alors que le moine permet de r�pandre la bonne parole � travers le territoire et ainsi influencer le reste du Japon. Enfin, le ninja est sans doute le plus int�ressant puisqu'il est � la fois capable de perp�trer des assassinats et de prodiguer un avantage crucial lors des si�ges en sabotant tout simplement la structure adverse, mais nous y reviendrons...

Avant d'aborder le cas plus pr�cis des combats, il nous faut effectivement d�tailler un peu plus l'aspect gestion des choses puisque The Creative Assembly s'est mis en t�te d'aller plus loin que Paradox et son fameux Crusader Kings. Plut�t qu'un unique seigneur de guerre, nous contr�lons l'ensemble de son clan et il nous faut donc g�rer la dynastie toute enti�re avec ce que cela implique de mariages, d'�ducation � fournir aux enfants et de cousins � surveiller. S'il est possible de subvertir les g�n�raux adverses, il faut aussi faire attention � nos propres rangs et notamment � l'ambition de certains laiss�s pour compte qui ont t�t fait de se retourner contre nous. Choisir de bons partis pour les membres du clan, accepter la venue de nobles dans la � famille � font partie des d�cisions qu'il faut prendre.

D'autres d�cisions peuvent �tre encore plus radicales puisqu'il faut parfois expliquer le sens de la vie � un cousin trop ambitieux ou � un g�n�ral indisciplin�... Attention toutefois � ne pas juger un de nos proches, les personnages de valeur ne sont pas tr�s nombreux. Notons en outre que certains poss�dent des comp�tences bien pratiques : des comp�tences que l'on d�bloque au travers d'un syst�me d'exp�rience / gain de niveaux. Il ne faut pas non plus abuser des solutions extr�mes pour notre propre r�putation. Tout ce que l'on fait au travers de la campagne est effectivement observ� par les autres seigneurs ainsi que nos ouailles : �tre consid�r� comme un tortionnaire n'est pas forc�ment la meilleure mani�re de faire avancer le schmilblick, en particulier lors des n�gociations.

L'aspect diplomatique des choses a toujours �t� une composante � ne pas n�gliger dans la s�rie Total War, mais il faut reconna�tre que c'est avec Shogun 2 qu'elle prend une dimension particuli�re. Le studio a encore enrichi les choses et m�me si le contexte historique n'est pas forc�ment le plus propice pour les discussions autour d'une table, on est heureux de voir d�barquer de nouvelles options en plus des classiques trait�s, alliances, accords commerciaux. Il est ainsi possible d'utiliser ces gamins qui ne servent � rien comme garantie de notre bonne foi... Une bonne foi qui ne r�siste cependant pas forc�ment � toutes les tentations et tant pis si le gamin en question en fait les frais ! L'intelligence artificielle (I.A.) ne s'embarrasse pas de scrupules, pourquoi le devrions-nous ?

En effet, au niveau gestion / strat�gie, il nous faut reconna�tre de jolis progr�s en mati�re d'I.A. : les choses ne sont pas encore parfaites et ne remplacent donc pas un joueur humain, mais il est int�ressant de voir que les autres clans sont capables de jolies fourberies en plus de parfaitement g�rer leurs provinces au niveau de difficult� le plus �lev�. H�las, l'I.A. n'�vite pas encore quelques bourdes retentissantes et nous a sembl� parfois un peu timor�e dans l'utilisation de ses agents alors qu'elle s'av�re excellente dans l'utilisation de ses ressources pour le recrutement de nouvelles troupes. Quand bien m�me, elle ne soit pas toujours exemplaire, on retiendra surtout que l'I.A. est capable de surprendre le joueur (dans le bon sens) et �a c'est d�j� une excellente chose.

Apr�s avoir pass� de longues heures sur la carte g�n�rale de l'archipel japonais, il est plus que temps de passer aux choses s�rieuses : la baston ! Tous les habitu�s vous le diront, m�me si la partie gestion est int�ressante, la finalit� d'un Total War, c'est tout de m�me de se retrouver sur le champ de bataille pour en d�coudre. Durant une campagne de Shogun 2, nous avons tout le loisir de montrer notre savoir tactique : les batailles sont tr�s fr�quentes et cela va des premiers affrontements contre les seigneurs voisins jusqu'aux grands combats contre le Shogun en passant par la d�fense / l'expansion de notre territoire une fois que le souverain de Kyoto aura �t� mis au pas (la victoire ne s'obtenant qu'une fois un certain nombre de provinces en possession de notre Shogun).

De fait, on se retrouve avec des th��tres d'op�rations tr�s vari�s qui vont de l'�chauffour�e en rase campagne � la prise d'immenses ch�teaux � l'architecture - japonaise - si particuli�re. Dans tous les cas, il s'agit toujours de participer � des batailles mettant � profit les caract�ristiques du moteur mis en �uvre par The Creative Assembly. Un moteur capable d'afficher plusieurs milliers d'unit�s � l'�cran et si le nombre exact n'est plus vraiment mis en avant par le studio (� plein �), il est bien plus question d'insister sur le niveau de d�tails des unit�s. Avec un th�me aussi fort que le Japon m�di�val, il aurait �t� dommage de ne pas en profiter et le r�sultat est simplement �tonnant avec des unit�s que l'on identifie au premier coup d'�il alors que les �quipements sont splendidement rendus.


Cet effort r�alis� sur le dessin des unit�s participe � une volont� beaucoup plus large de la part des d�veloppeurs : permettre aux joueurs de s'y retrouver plus facilement afin de se focaliser sur la tactique plut�t que sur le micro-management, la recherche de ses ouailles. De fait, le nombre d'unit�s diff�rentes a �t� sensiblement r�duit et si on retrouve les classiques de l'�poque (samurais, piquiers, archers, cavalerie...), on ne doit plus jongler avec quinze variations de chaque unit�. En revanche, les d�veloppeurs ont mis l'accent sur le moral et l'exp�rience des troupes. De fait, l'engagement de tr�s nombreux paysans (ashigaru) n'est pas forc�ment une bonne chose : ils prennent leurs jambes � leur cou � la moindre charge et ont la f�cheuse tendance � entra�ner leurs voisins dans leur d�bandade.

L'utilisation de ces troupes permet donc de gonfler nos rangs, mais entra�ne de nombreux effets pervers auxquels il faut faire particuli�rement attention : il faut veiller � alterner troupes exp�riment�es (les samurais) et troupes de paysans pour ne pas voir toute son arm�e prendre la fuite apr�s quelques minutes de combat ! On peut toutefois compenser la faiblesse de certaines unit�s - ou renforcer encore les plus puissantes - en mettant � profit les technologies afin par exemple de d�couvrir de nouvelles formations pour renforcer son infanterie ou enflammer les fl�ches de nos archers... Des comp�tences qu'il faut cependant utiliser au meilleur moment : The Creative Assembly a mis en place un syst�me de cooldown (temps de recharge).

Dans le m�me ordre d'id�e, il convient de mentionner que nos g�n�raux - nos personnages majeurs - disposent aussi de leurs propres comp�tences qui peuvent - selon le cas - accro�tre le moral des troupes engag�es afin d'�viter une d�bandade malheureuse : voil� pourquoi il convient de ne pas n�gliger la gestion de son clan sur la carte g�n�rale du Japon ! Une carte g�n�rale qui conditionne �galement le cadre du combat et donc la topographie du champ de bataille : un �l�ment qui a peut-�tre encore plus d'importance que sur les pr�c�dents Total War. Les charges de cavalerie, la position d'archers au sommet d'une colline ou la discr�tion d'infanterie planqu�e dans la for�t n'ont jamais eu autant d'importance et il est surtout int�ressant de voir que l'I.A. est tout � fait capable de se servir de certaines ruses.

Si nous n'avons pas le niveau des plus aguerris des joueurs, nous avons tout de m�me pu constater de gros progr�s en mati�re d'I.A. avec un adversaire capable de varier ses tactiques en pleine bataille et de tromper le joueur en lan�ant de fausses offensives. Cela dit, il ne faut pas s'attendre � des miracles et l'I.A. a toutes les peines du monde � se sortir de situations � complexes �, lorsque - par exemple - elle ne dispose plus d'archers pour camper sur ses positions de si�ge. Pour rem�dier � cela et contenter les plus exigeants des joueurs, The Creative Assembly a imagin� un syst�me de drop in qui permet d'ouvrir sa partie sur Internet : d�s lors n'importe quel joueur peut camper l'I.A. lors d'une bataille avec ce que cela suppose d'opposition suppl�mentaire !

Tout naturellement, cette derni�re remarque nous conduit � parler du mode multijoueur, pour lequel The Creative Assembly a compl�tement revu sa copie. Passons rapidement sur la pr�sence d'un mode coop�ratif lors de la campagne (un mode qui permet de jouer deux clans et de partager ses unit�s durant les batailles) pour nous focaliser sur le syst�me d'avatar qui permet de cr�er un personnage persistant que l'on va mener durant un long mode � Conqu�te �. Bien s�r, au fur et � mesure de ses combats, cet avatar acquiert de l'exp�rience, d�bloque de nouvelles unit�s et obtient de nouvelles comp�tences. Il est �galement possible d'obtenir de nouveaux accessoires / �quipements qui seront principalement l� pour montrer aux autres joueurs notre statut, notre grandeur.

Plus directement utiles durant les combats, les nouvelles unit�s s'accompagnent d'un syst�me � d'�lite � qui vient transformer nos troupes les plus aguerries en � v�t�rans �. Bien s�r, ces v�t�rans sont plus efficaces, mais ils co�tent �galement plus cher alors qu'il faut toujours faire attention � leur niveau de sant� : en mode avatar, les unit�s doivent se reposer durant toute une bataille pour regagner leurs forces... Il convient donc d'avoir toujours en t�te le prochain affrontement avant de prendre une d�cision alors que le mode avatar au sens large doit conduire � un double objectif : conqu�rir toutes les provinces de la carte pour d�bloquer un maximum de bonus (chaque r�gion en a un propre) et remporter un maximum de victoires pour progresser dans les classements.

Le but final de ce mode multijoueur un peu particulier est effectivement de trouver sa place sur les ladders mondiaux. Un syst�me de clans est au programme afin de v�rifier une fois encore que � l'union fait la force �. En toute logique, des joueurs peuvent ainsi se rassembler pour affronter d'autres clans et ainsi maximiser leurs chances de bien figurer au sein d'un classement que le studio voit comme une sorte de saison sportive avec promotions et rel�gations. Il y aurait encore beaucoup � dire sur la richesse de ce mode multijoueur qui - partiellement persistant - permet d'enrichir consid�rablement les choses par rapport aux pr�c�dents opus, et ce, alors que l'on pourra �videmment se limiter � de simples batailles escarmouches si on ne souhaite pas se cr�er un avatar.

Avant de conclure, il nous faut parler de l'aspect technique des choses, car si nous avons d�j� abord� la puissance du moteur en bataille, il nous faut encore pr�ciser que la gestion de la m�t�o est une franche r�ussite (fl�ches enflamm�es inefficaces sous la pluie) alors que l'ensemble b�n�ficie d'une finition inhabituelle pour un Total War. Des bugs peuvent encore appara�tre ( probl�mes de collisions), mais Shogun 2 s'av�re stable et nous n'avons gu�re de critiques si ce n'est une certaine gourmandise : il faut viser le double-c�ur 3 GHz �paul� par 4 Go de m�moire et une carte graphique Shader Model 3.0 pour que le jeu s'exprime convenablement, et ce, malgr� l'absence d'anti-cr�nelage / de gestion DirectX 11 : deux options qui doivent arriver prochainement.

Sans c�der � l'enthousiasme d�mesur�, il ne fait toutefois aucun doute que ce Shogun 2 marquera l'esprit des fans de la saga Total War... et dans le bon sens ! The Creative Assembly parvient donc � une sorte d'aboutissement avec ce retour aux sources. Il n'est bien s�r pas question de conseiller ce titre � tous les joueurs et il conviendra toujours d'accepter une phase d'apprentissage relativement longue, mais tout est fait ici pour que le jeu soit aussi accessible qu'esth�tique. De leur c�t�, les habitu�s en auront pour leur argent avec une long�vit� absolument exceptionnelle en solo et un mode multijoueur plus que convaincant. Ayant une nette pr�f�rence pour les batailles m�di�vales o� la guerre de mouvement �tait pr�pond�rante, nous sommes donc conquis par ce Shogun 2 auquel tous les joueurs PC se doivent d'accorder au moins une chance de les convertir � la gestion / strat�gie !

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