Test Heroes Of Might And Magic 5 (PC) : 7/10 sur JeuxVideo.fr

D�but�e en 1994, voire en 1990 en tenant compte de King's Bounty, la s�rie Heroes Of Might And Magic fait partie de ces OVNI vid�oludiques. � l'origine d'un genre � part enti�re, elle n'a que tr�s rarement �t� copi�e, et ce, malgr� l'�norme succ�s remport� durant ses presque dix ans d'existence. Si son �diteur, 3DO, a �t� contraint de mettre la clef sous la porte en 2003, l'avenir de la s�rie n'a pas �t� incertain tr�s longtemps : Ubisoft s'est rapidement port� acqu�reur de la licence et a confi� le d�veloppement du cinqui�me opus aux Russes de Nival Interactive, d�j� � l'origine d'Etherlords.

�l�ment sans doute le plus marquant d'Heroes V, le changement de d�veloppeur aura �t� l'occasion d'un passage � la 3D synonyme de trahison pour de nombreux puristes. Tr�s � la mode, ces passages ont maintes fois prouv� qu'ils n'�taient pas adapt�s � tous les styles de jeu, mais, dans le cas d'Heroes Of Might And Magic, cela ne pose en d�finitive pas vraiment de probl�me. Le style graphique adopt� par les d�veloppeurs parvient � rester dans l'esprit des pr�c�dents opus tout en offrant une certaine fra�cheur dans le dessin des unit�s ou par l'introduction de couleurs un peu plus vives que de coutume. Avant d'entrer dans ce genre de d�tails et de pr�ciser le contenu du jeu, il est important de pr�senter le concept m�me de la saga Heroes Of Might & Magic, concept que l'on retrouve � l'identique dans ce cinqui�me opus.

La carte � aventure � regorge de b�timents vari�s offrant ressources, objets, mais aussi �nigmes
Titre de strat�gie au tour par tour avec quelques �l�ments de jeu de r�le, Heroes Of Might And Magic se d�coupe en deux grandes phases au fonctionnement distinct. La phase dite d'aventure d�bute la partie et nous pr�sente une carte sur laquelle on dirige une petite unit� repr�sentant notre h�ros et sa minuscule arm�e. Selon le sc�nario, le d�part sera plus ou moins difficile, mais de mani�re g�n�rale, il faut toujours commencer par se promener un peu : on ramasse quelques ressources (bois, cristaux, or, charbon...) qui tra�nent, on visite quelques b�timents sp�ciaux pour acqu�rir bonus, unit�s ou exp�rience et surtout, on tente de trouver mines et villes pour se les approprier. Les premi�res permettent d'avoir des rentr�es r�guli�res de ressources qui seront utilisables dans les secondes pour construire de nouveaux b�timents et acheter des unit�s.

S'il n'y pas de cr�ature en faction devant elles, il suffit de visiter ces diff�rentes structures pour en prendre possession. Dans le cas contraire, il faudra alors combattre les gardiens pour se les approprier, mais nous verrons cela plus tard. Une fois qu'une mine est conquise, elle commence � produire des ressources qui viennent s'ajouter � notre � tr�sor �. Les villes fonctionnent de mani�re un peu diff�rente et, en cliquant sur celle(s) que l'on poss�de, on peut en voir l'int�rieur au moyen d'une tr�s jolie planche graphique. On peut alors,et � raison d'un par jour (un jour = un tour de jeu), construire des b�timents pour avoir droit � de nouvelles options (enr�ler des h�ros, troquer des ressources...), �tablir des structures de d�fense (tours, douves...) et b�tir des �difices de production d'unit�s.

Ces villes peuvent appartenir � six groupes diff�rents, groupes qui d�finissent �galement la nature des h�ros. C'est ainsi qu'il est possible de contr�ler la faction chevalier, d�mon, magicien, n�cromant, r�deur, sorcier et qu'� chacune d'entre elles correspondent des caract�ristiques sp�ciales. Ainsi, les villes ne poss�dent pas du tout les m�mes structures et les unit�s sont compl�tement diff�rentes d'une faction � l'autre. Certaines factions seront plus dou�es pour le combat � distance alors que d'autres excellent dans le corps � corps. Les h�ros �galement sont sensiblement diff�rents selon leur all�geance et de mani�re g�n�rale, un h�ros sorcier est �videmment plus dou� pour la magie qu'un h�ros chevalier. Tout au long de la partie, et de leur promenade sur la carte du jeu, ces h�ros ont cependant la possibilit� de gagner en exp�rience.

� chaque niveau, un h�ros peut choisir une nouvelle comp�tence qui ouvrira ensuite la voie � des capacit�s particuli�res
Au fur et � mesure de leurs d�couvertes, ils peuvent ainsi progresser de niveau pour acqu�rir de nouvelles comp�tences afin d'assimiler davantage de sorts, d'�tre de plus habiles combattants ou de devenir un meneur hors normes. L'exp�rience n'est bien s�r pas la seule m�thode pour accro�tre la puissance de son h�ros et il sera ainsi possible de trouver de nombreux objets magiques pour lui donner un petit coup de pouce. En plus des caract�ristiques de base (attaque, d�fense, puissance et esprit), les h�ros peuvent compter sur des comp�tences plus sp�cifiques afin d'am�liorer leurs d�placements, de recruter des unit�s neutres, d'apprendre des sorts plus complexes ou bien d'avoir plus de chance et un moral plus fort durant les combats. Combats qui justement constituent la seconde grande partie du jeu et que nous allons maintenant d�tailler.

Lorsque l'on rencontre les gardiens d'un b�timent, que l'on tombe sur un h�ros adverse ou que l'on attaque une ville, le jeu adopte une vue dite strat�gique que l'on pourrait comparer � une sorte de partie d'�chec. Les deux arm�es en pr�sence se font face et avant que le combat ne commence, nous avons la possibilit� de revoir sommairement le placement de nos troupes. Il faut pr�ciser qu'un maximum de sept groupes d'unit�s peut accompagner un h�ros. Il est tout � fait possible d'avoir deux groupes d'unit�s identiques dans la m�me arm�e, mais un groupe ne peut r�unir des unit�s de nature diff�rente. Enfin, le nombre d'unit�s � l'int�rieur d'un groupe n'est pas limit�... c'est d'ailleurs souvent � celui qui en aura le plus ! Une fois le placement des troupes effectu�, et selon l'initiative de chaque unit� (les volants sont souvent plus prompts que les autres), il faut se lancer dans la bataille.

Certaines unit�s ne pourront pas faire grand-chose que se rapprocher des troupes adverses, mais d'autres auront plus de latitude. Ainsi, les archers peuvent d�cocher des fl�ches, certaines unit�s magiques pourront balancer des sorts et les volants pourront dans certains cas attaquer d�s leur premier tour. Il peut dans certains cas �tre int�ressant de placer une unit� en position d�fensive, voire de la mettre en attente et on regrettera � ce sujet que l'interface ait compl�tement � oubli� � cette option que l'on doit activer au clavier (?!). Les champs de bataille ne sont �videmment pas identiques les uns aux autres et dans certains cas, il faudra faire avec quelques obstacles (rochers...) alors que les unit�s � distance devront compter avec les p�nalit�s d'�loignement. Enfin, unit� sp�ciale entre toutes, le h�ros peut �galement intervenir durant le combat.

L� encore, c'est l'initiative qui d�termine l'ordre des choses. Lorsque c'est son tour, le h�ros peut participer au combat, mais comme il n'est pas directement pr�sent sur le champ de bataille, on ne peut le d�placer. Son action se r�sume � la r�alisation d'un sort par tour (en fonction de sa r�serve de mana) ou � une attaque. Celle-ci n'est souvent pas tr�s puissante, mais permet tout de m�me de filer un petit coup de main � ses troupes. Pr�cisons �galement qu'un h�ros peut �tre accompagn� de diff�rents �quipements de bataille (baliste, tente de soins et catapulte). Il poss�de comme toutes les unit�s une initiative et on saluera au passage la bonne id�e des d�veloppeurs : ces derniers ont mis en place une barre d'initiative en bas de l'�cran, barre qui nous permet de suivre le d�roulement du combat et de voir quelles unit�s vont attaquer ensuite.

Ces unit�s disposent de statistiques (attaque, d�fense, d�g�ts, �nergie) qui leur sont propres. Il suffit de d�placer la souris sur un groupe pour en avoir le r�sum� et le but du joueur est bien s�r d'utiliser au mieux ces informations pour d�truire l'arm�e adverse en minimisant ses pertes. En plus de ces valeurs chiffr�es, il est possible d'utiliser de nombreux sortil�ges pour r�duire la d�fense de telle troupe, pour d�clencher une d�vastatrice chute de m�t�ores ou pour renforcer l'armure de ses forces. Il faut enfin compter sur deux notions majeures qui influencent consid�rablement les assauts surtout une fois que la partie est bien engag�e : la chance et le moral. Ce dernier permet � une unit� de gagner quelques places dans la barre d'initiative et donc de rejouer plus rapidement alors que la chance augmente les d�g�ts inflig�s � l'ennemi.

Comme nous l'avons d�j� dit, diff�rents artefacts peuvent encore influencer l'issue des combats, mais pour avoir une id�e plus pr�cise du d�roulement de la chose, le plus simple est encore de visionner notre vid�o exclusive. Ces affrontements repr�sentent une bonne part du jeu, mais il est tout � fait possible de demander � ce qu'ils soient r�solus automatiquement par l'ordinateur. Cela permet de gagner du temps lorsqu'il s'agit de batailles mineures ou carr�ment de tous les passer si ce n'est pas votre tasse de th�. Attention toutefois, l'intelligence artificielle est loin d'�tre un mod�le du genre. Dans les combats les plus simples, elle trouve le moyen d'avoir quelques pertes et il ne faut pas compter sur elle pour retourner une situation d�favorable. De mani�re plus g�n�rale, l'IA offre un d�fi sympathique en mode solo, mais ne saurait remplacer un adversaire humain.

De nombreux niveaux de zoom sont disponibles et il est en plus possible de tourner carte / champ de bataille dans tous les sens

Totalisant exactement trente missions, les six campagnes du mode solo proposent cinq missions chacune et sont th�oriquement l'occasion de d�couvrir progressivement les diff�rentes factions disponibles. On devrait ainsi �tre en mesure de se familiariser doucement aux comp�tences de chacune d'entre elles, � leurs unit�s et � leurs h�ros. Ce n'est h�las pas tout � fait le cas dans la pratique et on s'�tonnera par exemple de contr�ler une arm�e de r�deur durant une longue partie de la campagne du d�mon. Le sc�nario de cette partie simple joueur n'est pas non plus exempt de toute critique et, si le doublage fran�ais est convaincant, on ne peut pas en dire autant des cin�matiques, assez quelconques. Disons que cela permet malgr� tout de passer un bon moment et surtout de d�couvrir toutes les diff�rences de cet Heroes V.

Il faut effectivement savoir qu'� c�t� du gameplay calqu� sur les pr�c�dents opus de la s�rie, les Russes de chez Nival ont d�cid� de proc�der � un net retour en se basant sur le troisi�me volet plut�t que sur le quatri�me. Les habitu�s auront d�j� not� que la faction barbare n'est par exemple plus de la partie, mais ce n'est pas tout. Durant le mode � aventure �, un h�ros n'est plus capable de se promener sans arm�e et, inversement, une arm�e doit absolument �tre conduite par un h�ros. Du coup, on retrouve certains vieux r�flexes de h�ros convoyeurs destin�s � apporter des troupes fra�ches aux plus puissants rest�s sur la � ligne de front �. Dans le m�me ordre d'id�es, il est important de noter qu'il n'est plus possible de grouper deux h�ros au sein de la m�me arm�e. Enfin, le h�ros ne prend plus directement part au combat et ne peut donc plus �tre pris pour cible.

On pourrait citer d'autres petites diff�rences en terme de gameplay, mais ce sont l� les principales et il est sans doute plus important de pr�ciser qu'Heroes V est beaucoup plus l�ger en terme de contenu. Nous avons d�j� parl� des campagnes solos, il n'y a rien � redire de ce c�t�-l�, mais qu'il s'agisse des objets magiques, des sortil�ges accessibles aux magiciens ou bien des artefacts qu'un h�ros peut emporter avec lui, tout a nettement diminu� sans que l'on comprenne bien pourquoi. Peut-�tre les d�veloppeurs ont-ils voulu simplifier les choses, mais le joueur habitu� � la s�rie a tout de m�me l'impression d'y perdre au change. Le pire �tant � venir avec les modes escarmouches et multijoueur, v�ritables moteurs de la s�rie Heroes. Comme dans tous les jeux de strat�gie, une fois les campagnes solos termin�es, on se tourne vers les cartes escarmouches et le r�seau.

Si malgr� un sc�nario un peu bizarre, les campagnes solo sont sympas, le nombre de cartes en multijoueur est bien faibleRetour au sommaire

H�las, il faut bien avouer que le contenu offert par Nival est ici un peu l�ger : six sc�narios solos et dix cartes multijoueurs... on est loin de la pl�thore de cartes disponibles avec Heroes III ou IV. Aucun �diteur de niveau n'est d'ailleurs disponible et il n'est pas non plus int�gr� � la premi�re mise � jour ! Premi�re mise � jour qui permet tout de m�me de corriger certains bugs, mais en laisse encore. Nous avons d�j� parl� du bouton � attendre �, absent de l'interface de combat, il faut �galement signaler des soucis de traduction, des probl�mes dans le transfert des unit�s d'un h�ros � l'autre et un relatif manque de pr�cision dans les d�placements. Enfin, grand amateur du multijoueur en mode hotseat (chacun son tour sur le m�me PC : l'un des trois modes disponibles avec LAN et Internet), je ne peux que regretter sa limitation en terme de jeu d'alliance.

Les joueurs humains sont dans l'impossibilit� de nouer des alliances et il leur faut imp�rativement jouer en chacun pour soi ! En lisant ces derni�res lignes, vous imaginez sans doute le pire et s'il faut signaler les erreurs du d�veloppeur russe, il ne faut pour autant pas �tre m�chant. Nival a tout de m�me fait un tr�s bon boulot et en prenant pour base Heroes III, le studio est revenu sur de nombreuses fonctions tr�s pol�miques. L'interface est globalement r�ussie et le passage en 3D ne g�ne pas la lecture des cartes... au pire, il est possible d'effectuer quelques rotations. Si le graphisme est plus � cartoon � que les pr�c�dents, cela ne nuit pas � l'atmosph�re, bien au contraire. Mention sp�ciale pour les �crans de ville absolument superbes et pour la bande-son, � nouveau l'oeuvre de Robert King.

Les temps de chargement sont courts, les effets des sorts magnifiques et de multiples animations �gayent la carte � aventure �. D'autres animations marquent les grands moments des combats, mais ces s�quences sont assez r�p�titives et on finit par les couper. Enfin, et malgr� les remarques sur le manque de contenu, on notera deux nouveaut�s. Un mode duel dans lequel les joueurs s�lectionnent un h�ros parmi une trentaine (impossible d'en cr�er) et s'affrontent � mort : une sorte de deathmatch. La seconde nouveaut� est le mode fant�me qui s'int�gre aux classiques parties multijoueur. Lorsque vient le tour de l'autre joueur, on peut contr�ler un fant�me dont le but est de mettre des b�tons dans les roues de son adversaire en venant hanter les mines ou, mieux, en prenant le contr�le des unit�s qu'il devra affronter : rien d'extraordinaire, mais une innovation sympathique bien � l'image de cet Heroes Of Might And Magic V qui, certes, fait du neuf avec du vieux, mais de fort belle mani�re.

Nival n'a pas rat� le passage � la 3D : les d�cors sont tr�s beau, les cr�atures impressionnantes et certains sorts... diaboliques !

Nous venons de le dire dans le paragraphe pr�c�dent, Heroes Of Might And Magic V fait clairement du neuf avec du vieux et en ce sens, on peut dire qu'il s'adresse tout d'abord � ceux qui ne connaissent pas la s�rie ou n'y ont jou� qu'� de rares occasions. Dans ce cas, pas de probl�me, il s'agit d'un tr�s bon jeu. La r�alisation est de tr�s bonne facture et soutient merveilleusement bien un concept qui n'a pas pris une ride. La partie aventure plonge dans une ambiance sans �quivalent en partie gr�ce � la splendide bande-son et les combats au tour par tour permettent des strat�gies plus pouss�es que la majorit� des titres actuels, temps r�el oblige. Les trente missions r�parties en six campagnes solos assurent une excellente dur�e de vie � l'ensemble (plus de trente heures), et ce, m�me si Nival a �t� un peu chiche niveau cartes suppl�mentaires solo / multi.

Alors que nous pouvions craindre le pire, les d�veloppeurs ont finalement r�ussi un excellent passage � la 3D, mais il faut bien reconna�tre qu'en terme de nouveaut�s, ce n'est tout de m�me pas la folie. Du coup et m�me si Heroes Of Might And Magic est un bon jeu, il est difficile de le conseiller aux fous furieux de la s�rie. Certains appr�cieront de red�couvrir leur s�rie f�tiche au travers d'un titre plus proche du troisi�me opus alors que d'autres regretteront sans doute la r�gression par rapport au quatri�me volet. Les uns comme les autres risquent de toute fa�on de pester contre le manque de contenu en multijoueur. En d�finitive, Heroes Of Might And Magic V est un titre � conseiller � tous ceux qui ne connaissent pas la s�rie et � essayer, sans a priori, pour les vieux routards... en esp�rant que Nival nous propose rapidement plein de petites choses sympathiques.