Half-Life 2
Plus m�diatis� encore que le Doom 3 d'id Software, Half-Life 2 est un v�ritable �v�nement comme le monde du jeu vid�o en conna�t peu. Alors �videmment face � un tel batage m�diatique, on peut se demander si la montagne n'allait pas accoucher d'une souris

Mettons donc les sarcasmes de c�t� et c�l�brons plut�t dignement l'�v�nement. R�jouissons-nous, chantons, dansons m�me puisque Gordon Freeman, l'un des plus c�l�bres h�ros de fps que le jeu vid�o ait jamais connu, est maintenant de retour. Six ans apr�s ses quelques probl�mes d'intendance au centre de recherche Black Mesa, le Freeman revient pour notre plus grand plaisir. Ses nouvelles aventures le conduisent � City 17, une bien dr�le de ville qui n'est sans rappeler certains titres de science-fiction comme 1984...
Freeman, on est tous Morgan de toi
Clin d��il � la fin d'Half-Life, ce second volet s'ouvre comme un songe. Le visage burin� du G-Man vous appara�t, d'abord diffus, rapidement plus net. Il vous parle de Black Mesa, des probl�mes survenus dans le complexe scientifique et de votre attitude h�ro�que, avant d'encha�ner sur le r�le que vous allez bient�t �tre amen� � jouer. Son image redevient moins nette et dispara�t m�me compl�tement pour nous laisser dans le wagon d'un train menant tout droit � la ville de City 17. Quelques instants plus tard, le train arrive en station et on en sort pour d�couvrir une �tonnante gare. D'architecture plus ou moins victorienne, elle est grande, spacieuse, presque immense, mais surtout pratiquement d�serte. Un �cran g�ant diffuse un message qui fleure bon la propagande d'un type qui me dit bien quelque chose... Mais quoi ? Pas le temps de vraiment se poser la question puisqu'un milicien muni d'un uniforme particuli�rement impressionnant me demande de circuler. N'ayant pas le m�me sens de l'humour que sa matraque �lectrique, je m'ex�cute et avance dans les couloirs de cette large gare croisant au passage les regards de visages tant�t apeur�s, tant�t d�boussol�s, voire d�ments... Beaucoup de questions, peu de r�ponses, mais une chose est cependant s�re : il ne semble pas faire bon vivre dans City 17 !



Qu'il s'agisse de la gare des d�buts ou de sa premi�re sortie en ville, Gordon est constamment surveill� par des miliciens pas rigolos, rigolos
Quelques m�tres plus loin, un point de contr�le est tenu par une poign�e de gardes. Mi-humaine, mi-synth�tique, leur voix rauque dirige les individus qui se pr�sentent � eux. Mon tour vient et on m'oriente sur la gauche vers une pi�ce qui ne me dit rien qui vaille. Un autre garde arrive par une porte et me demande de le suivre dans le couloir. � notre passage, une ouverture dans la premi�re porte se ferme... Mauvais signe... Nous arrivons � la pi�ce suivante. Elle est vide, mais le sang frais visible sur les murs et le si�ge central n'est pas rassurant. Le garde ferme la porte, se retourne vers moi et enl�ve son casque... Je connais ce gars... Face � mon visage visiblement �tonn�, le bougre daigne enfin d�cliner son identit� : Barney... Mais bien s�r, LE Barney, celui de Black Mesa ! Quelle surprise ! Sans entrer davantage dans les d�tails, l'ancien garde de s�curit� m'explique que tout n'est pas au mieux � City 17 (NLDR : merci on s'en serait pas dout� !), qu'il est espion infiltr� au sein de la garde civile et qu'il peut faire quelque chose pour me sortir du gu�pier dans lequel je me suis apparemment fourr�. � l'aide d'un ordinateur, il discute avec le Docteur Kleiner (NDA : un autre survivant de Black Mesa), quand quelqu'un frappe � la porte. Pas le temps de me donner plus de pr�cisions, Barney me fait sortir par derri�re et m'indique un rapide chemin � suivre...
� Je suis un biochimiste, je conduis une Volvo beige ! �

D�compos� en quinze chapitres de longueur tr�s in�gale, le sc�nario d'Half-Life 2 nous propose de mettre en �chec la dictature d'un seul homme exer�ant un v�ritable culte de la personnalit� et qui s'est mis en t�te � d'offrir une chance � l'esp�ce humaine �. M�me si la R�sistance semble bien organis�e et sait vous venir en aide le moment venu, c'est bien s�r vous qui �tes une nouvelle fois charg� de sauver le monde... Personne ne leur a dit que Gordon Freeman n'a rien d'une b�te de combat ? Avant l'incident de Black Mesa, il n'�tait qu'un pauvre chercheur en je ne sais quoi, qui passait sans doute ces week-ends devant la t�l�, t�l�commande dans une main, bo�te de bi�re dans l'autre... Rien, mais alors vraiment rien du preux chevalier volant au secours de la veuve, de l'orphelin et, accessoirement, de l'humanit� ! C'est pourtant sur lui que reposent tous les espoirs de la R�sistance, chaque p�quin moyen semble en effet vous reconna�tre et se trouve m�me � la limite de tomber en admiration. Du coup, c'est vous qui allez devoir faire la majeure partie du travail : rejoindre des endroits pratiquement inaccessibles, affronter des hordes de soldats arm�s jusqu'aux dents ou encore combattre des bestioles plus horribles les unes que les autres.



Le buggy est bien pratique pour se d�faire d'une situation d�licate et en cas de danger, il ne faut pas h�siter � briser la vitre !
En dehors de la technique d'immersion sans interruption utilis�e par Valve et �nonc�e pr�c�demment, le d�roulement d'Half-Life 2 ne diff�re pas v�ritablement du bon vieux FPS que son anc�tre a si brillamment popularis�. On y contr�le un Gordon Freeman � l'armement doucement irr�aliste dans des niveaux parsem�s d'emb�ches, d'ennemis, mais aussi fort heureusement, de munitions et de trousses de premiers soins. Half-Life 2 ne r�volutionne en fait pas le genre en reprenant � simplement � � son compte les meilleures ficelles des pr�c�dents titres du genre. C'est ainsi que les d�veloppeurs ont int�gr� quelques s�quences de � conduite � � bord d'un a�roglisseur ou d'un buggy. C'est ainsi que l'on se retrouve � combattre de temps � autre ce que l'on pourrait appeler des � boss � : plus r�sistants et plus puissants que le commun des autres ennemis, ils impliquent que l'on utilise quelques ruses de Sioux pour s'en sortir vivant. C'est enfin ainsi que l'on a m�me droit � des phases un tout petit peu plus strat�giques avec quelques rebelles sous nos ordres afin de disposer d'une puissance de feu sup�rieure. Contrairement � ce que l'on aurait pu croire, Valve n'a donc pas cherch� � r�volutionner le genre, au moins en ce qui concerne le fond des choses, car dans la forme c'est une autre histoire.
� Le Freeman prouve partout son excellence �

Autant d'�l�ments qui permettent de faire de petites pauses dans l'encha�nement des combats et, tout � la fois, de rendre le jeu plus vari�, plus reposant et diablement plus r�aliste. Notre Gordon Freeman a beau �tre un super h�ros en puissance, il se retrouve ainsi confront� � de petits probl�mes qui le rendent bien sympathique. Ces petits probl�mes, nous les devons en fait � l'incroyable moteur physique que Valve a int�gr� au jeu. Pour la premi�re fois dans un jeu vid�o, il est r�ellement possible d'agir avec le d�cor pour se sortir de certaines situations. Tout est alors tellement logique qu'il n'est m�me pas n�cessaire de se creuser la t�te pour d�jouer le � pi�ge �. Le cas des caisses � mettre sur une plate-forme pour faire contrepoids est particuli�rement �loquent. Le joueur voit la plate-forme, voit les caisses et fait imm�diatement le rapprochement, il ne reste plus alors qu'� mettre la th�orie en pratique pour continuer l'aventure. Des exemples de ce type, il y en a des dizaines d'autres et ils sont si bien int�gr� � l'histoire qu'on y fait bien souvent m�me pas attention ! L'utilisation du Havok (NDLR : de la soci�t� Havok en charge du moteur physique du jeu) est d'ailleurs la r�elle innovation du jeu tant elle permet de choses tout au long de l'histoire.



Le strider (� gauche) est la cr�ature la plus dangereuse du jeu, mais le zombie bondissant (� droite) n'est pas mal non plus !
Il me faut cette fois parler du canon anti-gravit�, seule arme r�ellement novatrice du jeu. De par sa nature m�me (NDA : ben anti-gravit� quoi), il met fr�quemment en valeur les qualit�s du Havok. Tr�s clair en vid�o, son fonctionnement est moins simple � coucher sur le papier. Disons qu'il s'agit d'un canon capable d'attirer des objets, de les maintenir en l�air pour ensuite les projeter tr�s loin et tr�s fort. Il peut de fait �tre utilis� comme une arme ing�nieuse, mais aussi et surtout comme un v�ritable instrument � tout faire. Ici, il aidera le joueur � construire un pont de fortune pour �viter des sables infest�s de fourmis-lions ou, au contraire, il lui permettra de d�blayer un passage obstru� par tout ce qui passait sous la main des habitants effray�s : armoires, bancs, tables... lave-linges ! Dans d'autres circonstances, il permettra au joueur de s'abriter derri�re des plaques de m�tal pour se prot�ger du feu adverse ou sera bien utile pour enclencher, � distance, des m�canismes que la main du Gordon ne saurait atteindre. Dans le m�me ordre d'id�es, c'est aussi gr�ce au canon anti-gravit� que l'on pourra faire tomber des �chafaudages sur la t�te d'ennemis ou bien faire s'effondrer la plate-forme sur laquelle ils se trouvent. Half-Life 2 prouve que la technique permet parfois d'ajouter au gameplay en insistant que jamais sur les possibilit�s physiques de son moteur.
Trop belle, la mari�e ?

Aussi passionnante soit-elle, l'action concoct�e par Valve est ainsi terriblement lin�aire. On ne peut pas trop en vouloir aux d�veloppeurs de r�exploiter le concept qu'ils ont eux-m�mes initi� avec Half-Life premier du nom, mais de temps � autre, quand les d�veloppeurs nous en laissent le temps, on se dit que finalement tout ceci est bien basique : on mitraille, on se soigne, on re-mitraille, on se re-soigne, un script vient bouleverser les choses et c'est reparti pour un tour de mitraille / soigne... �a reste remarquablement pens� pour toutes les raisons que nous avons d�j� �voqu�es et les scripts (pas trop nombreux) sont toujours extraordinaires d'�-propos, mais un peu plus de profondeur n'aurait peut-�tre pas fait de mal. Ce manque de profondeur on peut d'ailleurs l'�tendre � ce bon vieux Gordon Freeman qui, plus encore que dans Half-Life, s'av�re ici bien transparent. Il sauve le monde et tous semblent avoir besoin de lui, mais d�s lors qu'une discussion s'amorce, il devient tout simplement transparent. Soucieux de garder le m�me gameplay que sur Half-Life, les gars de chez Valve ont en effet pris le parti de le rendre compl�tement muet. Alors, bien s�r, on me r�pondra qu'Half-Life ce n'est pas Deus Ex et que, de ce fait, on attache plus d'importance � l'action qu'aux dialogues.



D'�tonnants alli�s (au centre) vous accompagneront durant tout un chapitre du jeu : original et tr�s amusant !
Certes, j'en conviens, mais on a quand m�me un peu l'impression de faire partie du d�cor, limite � soit belle et tais-toi � et la ruse du � vous �tes bien muet Gordon � employ�e par Alyx n'arrange rien. Mais plus fort encore, Gordon se la joue presque Jedi sur certaines sc�nes se permettant de grimper aux �chelles sans utiliser ses mains ou de d�placer barils et parpaings � l'aide de ce qui semble �tre sa force t�l�kin�sique, voil� qui surprend d'autant plus que le moteur physique du jeu est comme nous l'avons signal� remarquablement exploit�. Autre surprise, le peu de changements observ�s au niveau de l'intelligence artificielle. Alors qu'en 1998, Half-Life avait impressionn� de nombreux joueurs avec ses marines, Valve semble s'�tre fait distancer par Crytek qui propose des mercenaires beaucoup � fut�s � que les soldats d'Half-Life 2. Ces derniers savent bien se mettre � couvert et balancer quelques grenades pour d�gager le terrain, mais ils ont encore trop tendance � attaquer s�par�ment, sans concertation pr�alable et de face. Enfin, le plus gros reproche que je ferais finalement � Half-Life 2 ne g�ne v�ritablement qu'une fois la partie termin�e (20-30 heures de jeu selon votre niveau et la difficult� choisie). En effet, on se rend alors compte que l'histoire m�me du jeu n'a �t� qu'� peine effleur�e.

Half-Life 2 propose dans ce domaine le rendu le plus abouti jamais vu dans un FPS. Les personnages ont des expressions tr�s int�ressantes et les textures utilis�es sont incroyablement d�taill�es : oubliez l'effet plastique des personnages de Doom 3 ou de Far Cry, Alyx ou Barney respirent la vie ! Pas tout � fait aussi belles qu'en r�alit�, les captures d'�cran illustrent cependant tr�s bien la richesse et la pr�cision graphique d'Half-Life 2. Les d�cors sont nombreux et tr�s vari�s, les effets de lumi�res splendides m�me si on regrettera que les lumi�res dynamiques soient moins syst�matiques que chez id Software / Crytek ou que les ombres ne soient pas toujours parfaites. Dans l'ensemble, cela reste de toute beaut� et s'il n'est pas le premier, Half-Life 2 est assur�ment l'un des plus beaux FPS. L'ambiance sonore n'est d'ailleurs pas �trang�re � l'impression de r�ussite technique que d�gage le jeu de Valve. Tr�s belles, mais aussi le plus souvent tr�s discr�tes, les musiques deviennent puissantes d'un seul coup pour souligner l'acc�l�ration de l'action. Les voix (en fran�ais) sont impeccables m�me si dans de tr�s rares moments, elles manquent peut-�tre d'un peu de peps. Enfin, les bruitages sont classiques pour un FPS, mais ils appuient tr�s bien les faits et gestes de notre Freeman.



Simplement superbes, les visages des diff�rents personnages n'ont rien � envier aux effets ou aux textures, bien au contraire !
Voir Half-Life 2 et mourir ?
Pas aussi r�volutionnaire que certains auraient pu le croire et pourtant remarquablement con�u, parfaitement construit, Half-Life 2 ne saurait d�cevoir les millions de joueurs qui attendaient sa sortie. Valve jouait �videmment tr�s gros avec ce titre qui lui permettait au passage de tester pour la premi�re fois de mani�re commerciale son syst�me de t�l�chargement Steam. � vrai dire, le r�sultat est tout � fait la hauteur du travail consenti par l'�quipe de Seattle. Certes, Steam a eu quelques d�rat�s le soir du 16 novembre. Certes, la version bo�te n'est accompagn�e que d'une minable feuille de contr�les. Certes, enfin, le processus d'activation par Internet est assez g�nant pour un jeu exclusivement simple joueur. Mais malgr� toute l'importance de ces remarques, Half-Life 2 m'a convaincu et plut�t deux fois qu'une ! Superbe, passionnant, immersif et dot� de quelques trouvailles absolument remarquables, Half-Life 2 est sans aucun doute l�un des meilleurs FPS auxquels j'ai jou� en solitaire devant mon PC. Il ne s'agit pas d'un jeu de r�le ou d'un jeu d'aventure et en ce sens il ne saurait �tre compar� � Deus Ex ou Morrowind par exemple, mais dans le domaine de l'action pure, Valve est bigrement efficace !
L'ajout de s�quences motoris�es chagrinera peut-�tre certains joueurs, mais les sc�nes sont finalement bien int�gr�es et habilement entrecoup�es de sc�nes � pied pour �viter la lassitude. Il n'est pas ais� de d�crire pr�cis�ment ce qui fait le charme d'Half-Life 2 puisqu'il s'agit en d�finitive principalement de la ma�trise de Valve. Le bonheur �prouv� pendant la partie est identique � ce que j'avais pu ressentir pendant le premier �pisode, mais alors qu'Half-Life 1 �tait un pr�curseur, Half-Life 2 ne fait que reprendre � son compte tout ce que l'on a pu voir de mieux ces six derni�res ann�es afin de nous proposer une campagne solo que l'on n'a jamais envie de quitter... Reste donc la question du multijoueur. En effet, Valve ne s'est pas creus� la t�te puisqu'en guise de mode r�seau, Half-Life 2 nous propose tout simplement de participer � des matchs de Counter-Strike Source.
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