Plut�t connu pour ses plateformers 2D muscl�s, Klei Entertainment s��tait fait remarquer pour le sympathique Mark of the Ninja ou le tr�s beau (mais tr�s creux) Shank. Don�t Starve est un projet beaucoup plus personnel. Pas question ici de tataner du m�chant par paquet de 100, le principal ennemi du joueur c�est son environnement, la nature et bien s�r, son estomac. Don�t Starve est le genre de jeu bac � sable r�serv� � ceux qui d�sirent du challenge, qui poss�dent de la patience et surtout, qui n�ont pas peur de s�y reprendre � plusieurs fois avant de ma�triser le jeu.
Maxwell est un personnage �trange. Pourquoi a-t-il envoy� Wilson dans ce monde ?
Que se passe-t-il quand on se r�veille dans un monde inconnu, l�ch� en pleine nature avec pour seule consigne de ne pas crever de faim ? C�est ce que le joueur va d�couvrir apr�s l�introduction de cinq secondes de Don�t Starve. Wilson, notre avatar est r�veill� par un myst�rieux (et visiblement mal�fique) Maxwell qui lui enjoint de survivre. Nous voil� donc arm� de notre clavier (pour les d�placements) et de notre souris (pour interagir ou prendre des objets) au beau milieu de la nature. On commencera donc par ramasser herbes, branches et silex pour se fabriquer une hache de fortune, pr�t � abattre notre premier arbre pour faire un feu et passer une premi�re nuit au chaud. On prendra �galement soin de prendre quelques baies et carottes ici et l� pour remplir sa jauge d�estomac, de fouiller un peu le d�cor pour comprendre que chacun des environnements dispose d�une sp�cificit� (la savane est pleine de lapins, la for�t est remplie d�arbres, les zones grises contiennent des gisements de pierre) et on cr�vera d�s le petit matin, assassin� par un essaim d�abeilles en essayant de fouiller une ruche pour trouver un peu de miel. Game Over. Le jeu propose de relancer une partie et de repartir de z�ro.
Quelques fermes, des bosquets de baie, des arbres � proximit�, la base semble bien plac�e.
Don�t Starve est en effet un jeu qui ne conna�t pas la piti�. A la mani�re d�un Minecraft ou d�un Terraria, il n�y a pas de tutoriel � proprement parler. C�est au joueur de se faire ses propres exp�riences, de comprendre o� se trouvent les mati�res premi�res, comment les r�colter et comment les raffiner. Tr�s vite, on parvient � construire un camp de fortune avec un vrai feu de bois, � �riger de petites fermes pour faire pousser sa nourriture, � construire une � machine � science � pour d�bloquer de nouveaux objets et ainsi survivre de plus en plus longtemps. Les premiers pas sont rudes, mais le plaisir de la d�couverte est tr�s gratifiant. A chaque nouvelle partie, un monde est g�n�r� al�atoirement, ce qui demande syst�matiquement de l�explorer avant de choisir o� installer sa base. Etre proche de la for�t est id�al pour ne jamais tomber � cours de bois ou de baies, mais �loignera notre avatar d�un troupeau de beefalos qui pourront fournir assez de fumier pour fertiliser les fermes et nous prot�ger d�attaques inopin�es de pr�dateurs. Tout est question de choix dans Don�t Starve, et ce sont souvent eux qui sont responsables de votre mort.
Pas le genre d'endroit o� il faut tra�ner seul, monsieur.
A tout cela s�ajoute l�implacable logique du monde dans lequel on vit. Remplir l�estomac de Wilson est indispensable, et il ingurgite tout et n�importe quoi sans jamais ren�cler. Mais chacune des actions que l�on effectue n�est jamais sans cons�quence. Entasser un gros tas de nourriture en pr�vision de l�avenir n�est pas toujours la meilleure solution puisque celle-ci se p�rime petit � petit. De la m�me fa�on, certains champignons sauveront le joueur d�une mort certaine mais baisseront sa vie ainsi que sa sant� mentale. D�une mani�re g�n�rale, l�environnement veut notre mort. Entre l�hiver qui vient bouleverser les habitudes, les monstres cauchemardesques qui apparaissent quand la sant� mentale de notre h�ros baisse, la foudre qui peut transformer une paisible for�t en four � pain et les innombrables Ents, dindons, cochon-garous et j�en passe qui se cachent dans le d�cor, les causes de d�c�s sont innombrables� et parfois injustes. Rien de pire en effet que de commencer une partie sur une carte o� les ressources sont trop �loign�es pour assurer sa survie, ou, pire, �tablir son camp � proximit� d�un gardien des arbres qui viendra vous latter la tronche d�s qu�on cherchera � couper du bois.
Tous les 15 ou 20 jours environs, l�hiver s�abat sur le monde. Le premier hiver v�cu par le joueur inexp�riment� est quasiment synonyme de mort. Il faut en effet avoir pr�vu suffisamment de r�serves de nourriture, avoir fabriqu� de quoi de se prot�ger du froid (qui fait baisser constamment la jauge de sant�), mais aussi avoir fabriqu� des armes pour se prot�ger des meutes de loups affam�s qui r�dent dans les parages. Et quand bien m�me la nourriture serait suffisante, il faut prendre soin de la sant� mentale de Wilson. A force de tuer des animaux innocents, de manger de la nourriture avari�e ou de s��loigner trop loin du feu, notre h�ros va commencer � avoir des hallucinations, les couleurs vont se modifier, les bords de l��crans se flouter, jusqu�� ce que nos innocents lapins se transforment en b�tes hideuses et immangeables, provoquant � plus ou moins court terme, la mort. Celle-ci n�est d�ailleurs pas forc�ment d�finitive, puisqu�il est possible de trouver des tables de rituels ou de fabriquer un collier sp�cial pour ressusciter une fois.
Les nouveaux personnages ont des capacit�s sp�ciales qui facilitent un peu la vie.
Don�t Starve est donc tr�s dur et parfois extr�mement frustrant, mais c�est ainsi que l�ont voulu les d�veloppeurs et c�est ainsi que s�appr�cie le jeu. De fait, on apprend rapidement de ses erreurs et on les r�p�te rarement. Par ailleurs, chaque nouvelle mort permet de d�bloquer de l�exp�rience permettant par la suite de jouer avec de nouveaux personnages dot�s capacit�s sp�ciales (untel poss�de une plus grosse jauge de vie et de faim, telle autre est immunis�e au feu) pour adoucir l�g�rement la partie suivante. Une exp�rience de jeu tr�s exigeante qui demande une bonne dose de patience avant de se laisser savourer. Les d�veloppeurs n�ont d�ailleurs pas �t� avares en contenu. Si les premi�res heures d�une partie ont tendance � beaucoup se ressembler, la g�n�ration al�atoire des carte et surtout l�arriv�e r�cente de nouveaux artefacts permettant de partir � la recherche de Maxwell enrichissent consid�rablement un jeu d�j� tr�s prenant juste avec son aspect survie. Les d�veloppeurs promettent par ailleurs 6 mois de contenu et de mise � jour gratuite (le reste arrivera certainement sous la forme de DLC), ce qui permet au tire (vendu moins de 15 �) de b�n�ficier encore d�une dur�e de vie tr�s honorable.
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Reste que le titre ne s�adresse pas � tout le monde. Si vous �tes du genre � vous ennuyer rapidement dans Minecraft o� tourner en rond dans Terraria, on vous conseillera fortement de passer votre chemin. Don�t Starve est le genre de jeu o� il faut chercher, ne pas h�siter � consulter des wikis et ne pas avoir peur de perdre cette partie parfaitement commenc�e � cause d�une petite exp�rimentation. D�autant plus que les d�buts de partie s�av�rent au bout d�un moment tr�s r�p�titifs. On reprochera �galement au jeu son interface tr�s perfectible. Je ne compte plus le nombre de fois o� j�ai voulu ramasser du fumier pr�s d�un beefalo pour fertiliser mes fermes et o� j�ai attaqu� la vache par erreur. Il n�est pas rare en effet que des objets et des monstres se superposent et provoquent des quiproquos mortels. L�interface, toujours, s�av�re �galement assez lourde � utiliser lors des phases de d�couvertes du jeu. Il n�est pas rare de devoir passer la moiti� de sa journ�e en jeu � faire des exp�rimentations, � jongler entre des objets ou tout simplement chercher un item en particulier dans l�interface de craft tout en voyant sa jauge d�estomac et de sant� mentale baisser inexorablement. Fouiller dans les menus ne met pas le jeu en pause, et c�est franchement handicapant lors des premi�res heures. Bref, des petits d�fauts pas franchement r�dhibitoires mais un peu aga�ants, qui transforment souvent une bonne partie en cauchemar mortel. On a vu pire pour ce genre de jeux.
A condition d�aimer les jeux bac � sable du type de Minecraft et de ne pas �tre sujet aux petites frustrations du quotidiens, Don�t Starve est l�une des plus belles surprises de cette ann�e. Malgr� son apparence de jeu gentillet avec ses graphismes na�fs et cartoon Don�t Starve est un jeu terriblement punitif, particuli�rement dur mais aussi tr�s addictif. L�aspect survie en milieu hostile est un mod�le du genre, la g�n�ration al�atoire des cartes permet une rejouabilit� pratiquement infinie et les futurs mises � jours pr�vues par les d�veloppeurs devraient finir de corriger les quelques petits d�fauts du jeu. Amateur de challenge, d�exp�rimentation et de construction, ce titre a �t� sp�cialement fait pour vous.